Les Marocains sont un phénomène sonore.

Omar Aalabou
4 min readJun 1, 2020

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Comme vous pouvez le remarquer je suis de retour avec un article en Français afin d’adresser un phénomène que je juge être d’importance. Ce phénomène est relié au nationalisme marocain (bien que je crusse que des situations similaires peuvent être remarquées dans d’autres contextes similaires au Maroc), non pas au nationalisme en tant qu’idéologie politique consistante, mais plutôt certaines tendances populaires relatives à la perception d’identité nationale et la création d’un roman national.

Un passé glorieux:

il y a une tache sombre dans l’histoire de chaque nation qui a subi l’oppression impérialiste, et surtout les nations postcoloniales, et cette tache n’est autre que cette période de subjugation elle-même. La différence entre cette subjugation coloniale et d’autres plus lointaines, et que les conséquences de celle-ci se font toujours fortement ressentir. Du fait de cette phase coloniale et du sentiment d’infériorité qu’elle induit au sein des populations qui en ont fait l’épreuve, le sentiment nationaliste, et surtout chauviniste se retrouve dans une impasse où la gloire du peuple peut se retrouver contredite par ses défaites et sa subjugation récente. À ce problème beaucoup de nations décident de répondre en basant leur roman national sur leur résistance à cette subjugation, et en dépictant l’héroïsme du peuple opréssé dans sa luttent contre le Goliath colonial. Cette perspective est très populaire en général dans les pays du tiers-monde. Cependant, il me surprend à voir que même si cette perspective a été largement adoptée par le modèle educationel Marocain, une autre perspective semble s’être développée au sein d’une partie des masses populaires. Une perspective qui n’oppose pas l’impérialisme, mais semble le glorifier et essaye “d’élever” le Maroc au rang de puissance coloniale. Après tout n’avons-nous pas subjugé le Mali, la Mauritanie, l’Algérie, la Tunisie, et la Libye sous les Almoravides, Almohades, Mérinides et et Saadiens. Où se peut-il que de tels événements ne se soit passé que parce que l’on crie haut et fort qu’ils se sont passé, qu’on le proclame bruyamment, et qu’on en fait même un motif d’action politique telle que le fut la notion irrédentiste du Grand Maroc. Le fait que la notion d’État-nation était plus que poreuse dans le contexte temporel et spatial du Maghreb médiéval et moderne est secondaire quand on peut juste crier qu’elle l’est. Le fait que les almoravides soient venus de la côte Mauritanienne sont tout autant secondaires, quand on choisit de le nier. Le fait que les zénètes Mérinides soient venus du désert Algérien sont tertiaires quand on choisit de le nier. Et de même le fait que le pachalik de Tambouktou ne fût quasiment jamais sous contrôle direct de la part du sultanat chérifien, du fait qu’il était plus ou moins un pachalik indépendant sous le contrôle d’une minorité Songhay et Marocaine “Armas”, est quaternaire quand on choisit de le nier…etc. Je pourrais continuer de railler ses théories vulgaires encore plus, mais là n’est pas le point. Le but de tout ça après tout n’est pas de déconstruire point par point toutes les idées reçues que l’on peut avoir sur l’histoire du Maroc, ou de nier toute importance historique de la monarchie Marocaine au cours de sa longue histoire. Le réel objectif est de voir comment de telles idées reçues sont plats formée (si ce n’est créé) par des acteurs d’influence tels, des partis politiques aux pages Facebook et autres chaines YouTube. Tout comme le fait que de telles idées de par le martèlement médiatique dont elles bénéficient finissent par s’ancrer dans l’imaginaire collectif Marocains, et ainsi tels des virus se propagent encore plus, grâce à l’insatiable besoin du Marocain de trouver une gloire historique suffisamment grande pour couvrir la plaie du protectorat.

Un présent sombre… ou pas:

il est commun chez plusieurs peuples de vouloir railler leurs nations. Cette raillerie et cette critique moqueuse ne soi sont pas un fait commun à tous et le Maroc n’est pas si différent à cet égard, allant des fois même jusqu’à utiliser les mêmes blagues faite dans des contextes étrangers en les adaptant au contexte Marocain. De telles railleries, bien qu’elles puissent des fois être très politisée, ne sont en général que de l’humour innocent. Ce qui est plus surprenant c’est quand le présent n’est plus tout sombre, et que d’un coup le Maroc devient glorieux (parce qu’on dit qu’il est glorieux). Récemment j’ai vu toute la sphère médiatique marocaine tourner son attention en direction des États-unis après la nomination de Moncef Slaoui à la tête de l’opération “Warp Speed”. À ce moment-là, les Marocains étaient grands, glorieux, un peuple de savants et de scientifiques. Il n’y avait plus de “lmgharba mkelkhin” (les Marocains sont des idiots), tous ne repaitrait que “Choufo lmgharba fin weslo” (regardez où sont arrivé les Marocains), et là encore le fait que l’éducation supérieure de cet éminent biologiste se soit faite en Belgique n’importe que très peu si la masse populaire décide de le nier.

Conclusion:

le point de cet article et de simplement de railler la tendance chez le peuple Marocain a glorifié avec zèle son passé et en certains temps son présent, en ignorant toute nuance dans ces affirmations. Je développerai plus ma critique de certaine id des reçues sur l’Histoire Marocaine (et des acteurs qui les répandent) dans des articles à venir. Dans cet article je n’essaye pas de limiter ces phénomènes populaires et vocaux de glorification au peuple Marocain. En effet, je sais bien que des situations similaires (si ce n’est plus exacerbées), peuvent être remarquée dans des contextes similaires au Maroc, tels que dans le reste du Maghreb, ou dans d’autres pays arabophones (d’où le titre de l’article, en référence à Al-Qasimi). J’ai choisi de me concentrer sur le contexte Marocain pour la simple raison qu’il m’est le plus familier, sur ce merci d’avoir lu cette critique (quelque peu constructive, je le conçois) de cette tendance vulgaire. Des tentatives de critique plus précises et plus constructives de certaines de ces affirmation seront faites dans le prochains articles… à suivre.

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Omar Aalabou

Fan d’anthropologie,et de linguistique j'espère pouvoir vous être utiles avec mes articles réguliers sur ces deux sujets mais aussi sur d’autres sujets